Le tissu économique valaisan est composé essentiellement de PME qui offrent le 3/4 des emplois du canton. Elles sont et resteront une source d’emplois et de croissance. Et les opportunités de développement ne manquent pas. Les prochains choix politiques seront déterminants pour de nombreux secteurs d’activités. Je ne prendrai ici que trois exemples :
Le développement économique de notre canton sera nécessairement durable ; avec une économie locale innovante et diversifiée grâce à nos PME, responsable de l’environnement et favorisant la cohésion de notre société.
Mathias Reynard
Conseiller national PS et candidat au Conseil d'Etat
Le tissu économique de notre canton ressemble à un vaste écosystème, avec des pôles d’innovation autour de secteurs phares, comme la chimie, la pharma, mais aussi l’intelligence artificielle, les nouvelles énergies ou la santé. Autour de ces points névralgiques, se retrouvent un vaste tissu de PME et PMI qui vont de la sous-traitance à la fourniture de services, ainsi que toutes les activités plus traditionnelles qu’il ne faut pas oublier, car elles ont façonné ce canton depuis des générations.
L’économie du Valais est en mutation et se diversifie chaque jour. Le nombre d’entreprises n’a jamais été aussi grand et toutes déploient des trésors d’ingéniosité pour s’adapter aux technologies numériques, aux nouvelles sensibilités écologiques et environnementales et à une concurrence âpre. La pandémie a accéléré la digitalisation, favorisé le télétravail, ouvert de nouveaux canaux de distribution, permis d’entrevoir de nouveaux services, etc. Il s’agit maintenant d’asseoir durablement ces nouveautés tout en permettant à nos métiers « traditionnels » de pouvoir rester compétitif sur un marché de plus en plus globalisé.
Mais jamais le politique ne pourra se substituer aux entrepreneurs. Le rôle du Conseil d’Etat est d’offrir les meilleures conditions-cadres possibles pour ne pas pénaliser la compétitivité des entreprises valaisannes, de maintenir un système de formation de qualité, de collaborer avec les communes dans la planification territoriale pour que chaque entreprise puisse s’implanter et se développer, …
Dans ce contexte, on ne peut qu’admirer les indépendants. Ils représentent l’esprit de notre canton, le courage et l’esprit d’entreprise. Oser se lancer, créer ou reprendre une entreprise, se mettre en danger. C’est ce courage qui a animé les pionniers pour inventer le tourisme, creuser des barrages, construire des routes vertigineuses, … Et cet esprit d’entreprise qui permet de s’adapter rapidement à la situation, de saisir sa chance et de se réinventer.
Être indépendant c’est aussi devoir faire face à des charges, des responsabilités, de la solitude. Dans ces moments, une association forte et active, bien organisée, au service de ses membres est plus que jamais nécessaire.
Frédéric Favre
Conseiller d'Etat PLR
En Suisse allemande, malgré l’affaiblissement de certains médias, une offre diversifiée est disponible pour chaque personne intéressée. De la WOZ à la «Weltwoche», il est relativement aisé de se confronter à des opinions différentes. C’est à saluer, car la démocratie vit de l’opposition des avis. La liberté de la presse est censée encourager la diversité et lui permettre de s’exprimer.
En Suisse romande, cette réalité est un vieux souvenir. Dans le paysage médiatique, aucun média établi ne porte la voix de ceux qui pensent que le collectif devrait en faire moins et laisser plus de place aux individus. L’ensemble de l’offre médiatique parle au même public. Avec certaines nuances évidemment, mais l’état d’esprit général est le même. L’opinion publique romande est étatiste, interventionniste et souvent moralisatrice. Comment lui en vouloir, puisqu’elle ne rencontre aucune contradiction dans son expression ? Cette réalité est pénalisante pour la vitalité démocratique, car le débat d’opinions est largement réduit et les positions adverses caricaturées, sans ménagement. C’est pourtant dans la confrontation que les idées mûrissent. Alors qu’en Suisse allemande, beaucoup de débats animés ont lieu, en Suisse romande ils sont tranchés avant même d’avoir existé. La meilleure façon pour un Romand de participer activement au débat démocratique et intellectuel est donc d’apprendre la langue de Goethe… ou de s’intéresser à la politique française.
Cette réalité risque encore de s’aggraver, car la censure, qui était un outil des totalitarismes, se répand désormais aussi dans notre culture. L’intolérance à l’égard des opinions différentes s’exprime de façon plus virulente, associée à une volonté d’humiliation publique de son opposant. Cette façon manichéenne de trancher des questions, pourtant souvent complexes, constitue une difficulté, spécialement en Suisse. La pandémie actuelle en est un exemple typique. Les opinions divergentes sont marginalisées et la tolérance pour ces dernières presque nulle, alors qu’en Suisse allemande le débat est ouvert.
À cette conformité médiatique s’ajoute le paysage politique qui, en Romandie, est structurellement défavorable aux idées libérales. L’emprise de la Loterie romande – qui subventionne à tour de bras les activités culturelles et sportives en Suisse romande – ou de la RTS et autres milieux paraétatiques qui refusent – logiquement – de mettre en cause la main qui les nourrit, est devenue impossible à contrer. Pourtant, historiquement, la Suisse romande est une région ouverte aux idées libérales. Ces dernières semaines, on a appris que plusieurs rédactions germanophones souhaitent venir s’y implanter. Peut-être y a-t-il également de la place pour un média libéral ?
Nicolas Jutzet
Vice-président JLR Suisse
Qu’est-ce qu’un conseiller national, issu du monde des enseignants, peut vouloir dire à des entrepreneurs ? Signataire de la charte de l’UVAM, soutenu par l’AVE et le Bureau des métiers, fort d’une expérience de président de commune et de chef de projet dans le Chablais, je vous livre ma vision de l’économie.
On l’oublie trop souvent, l’économie est une activité au service de l’homme. Il ne s’agit pas seulement d’une question de chiffres ou de profit. Avec l’environnement et le social, elle constitue l’un des trois piliers du développement durable. De manière générale, j’estime qu’il faut produire les richesses pour pouvoir les partager dans le social ou les attribuer à la protection de l’environnement. Or c’est le rôle des politiques de veiller à préserver et améliorer les conditions-cadres. Et la tâche est ardue si l’on considère les multiples et rapides changements auxquels est confronté le monde des entreprises.
Citons en premier lieu la globalisation d’un marché qui subit sans cesse les aléas des accords avec l’Union européenne ou la guerre commerciale entre USA et Chine. Or la grande part de nos PME sont concernées soit par des fournisseurs soit par des clients à l’étranger. La numérisation aussi, à une vitesse vertigineuse, implique de nouvelles professions ou modèles d’affaires (par ex. Airbnb, Uber, Amazon,…). Et que dire de la délocalisation de certains secteurs qui trouvent ailleurs un appui étatique plus marqué (financement de la recherche, fiscalité, …), suscitant ainsi une nouvelle concurrence ? Le savoir-faire de nos entreprises doit ainsi régulièrement s’adapter pour satisfaire une clientèle exigeante en terme de rapidité, flexibilité, complexité et variété des produits.
En tenant compte de ces changements, quelles sont les conditions-cadres qui doivent prioritairement occuper les politiques ? J’en vois quatre.
1. Tout d’abord le maintien des prix. A cet effet, il faut éradiquer les mécanismes de concurrence déloyale. J’ai ainsi défendu avec succès une motion luttant contre le dumping salarial des entreprises étrangères employant des ouvriers détachés sans respecter nos directives. Mes interventions visant à éviter les faillites en cascades ainsi que les modifications apportées à la loi sur les marchés publics poursuivent ce même objectif (par ex. introduction d’un critère qualité en plus de celui du prix ou respect des règles en vigueur sur le lieu d’exécution).
2. Il faut moins de contraintes administratives et bureaucratiques. J’ai par exemple combattu l’initiative populaire dite « pour des entreprises responsables » estimant que nos PME ont mieux à faire que de multiplier les contrôles auprès de leurs partenaires sans en avoir les moyens.
3. La formation et l’innovation doivent être renforcées. Il manque des personnes qualifiées et des cadres dans de nombreux secteurs d’activités, comme par exemple dans celui des machines, équipements électriques et métaux (MEM). Comme responsable de formation, j’ai déposé plusieurs interventions pour renforcer la formation professionnelle. J’ai aussi obtenu un crédit supplémentaire pour les centres de transfert technologique estimant qu’il existe un fossé entre la recherche et les applications qui peuvent être concrètement utilisées et commercialisées par les entreprises.
4. Enfin, il s’agit de renforcer le coaching des jeunes entreprises d’un point de vue administratif et financier. Sans se substituer à l’économie privée, l’Etat doit par des aides indirectes (par ex. mise à disposition de fonds propres, prêts sans intérêts,…) les aider à émerger. Dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration, j’ai par exemple obtenu du Conseil fédéral qu’on puisse désormais utiliser le crédit hôtelier comme fonds propre en cas de reprise ou de rénovation.
Évidemment, nous devons garder à l’esprit ces priorités dans tous les domaines en lien avec l’économie, comme celui de l’approvisionnement en énergie, la mobilité, l’aménagement du territoire, la protection de l’environnement, les assurances sociales, etc.
En conclusion, la clef de réussite de notre économie, c’est la confiance dans des hommes responsables qui s’épanouissent dans leur travail, qu’ils soient patrons ou collaborateurs. Notre société pourra ainsi s’appuyer sur une croissance économique où l’on produit mieux en vue d’une meilleure qualité de vie pour tous et cela dans un environnement préservé.
Benjamin Roduit
Conseiller national PDC
En Suisse, lancer son entreprise peut rapidement s’avérer onéreux et les soutiens à la création forment un labyrinthe au sein duquel il n’est pas toujours facile de se retrouver. Pour se faire aider, il existe plusieurs associations ou organismes publics qui proposent un coaching et des programmes de start-up training pour la technologie et l’innovation. La majorité de ces programmes de financement à la création d’entreprise ciblent essentiellement les 18-24 ans, qui terminent leurs hautes études, la technologie et l’innovation étant clairement des objectifs prioritaires pour la Suisse. Mais ces jeunes sont-ils réellement intéressés par l’entrepreneuriat ? Pas vraiment…
Les différentes études réalisées ces dernières années démontrent que les nouveaux entrepreneurs suisses sont bien loin de la cible privilégiée des programmes d’aide. Il s’agit majoritairement d’hommes, âgés de 35 à 44 ans et créateurs d’entreprises non technologiques. Les données, récoltées par le bureau d’études Global Entrepreneurship Monitor sur les attitudes entrepreneuriales, corroborent que les 18-24 ans (15,8%) s’intéressent peu à l’entrepreneuriat. La diminution, ces dernières années, de l’activité entrepreneuriale par la jeune génération confirme que les aides manquent leur cible, avec un impact non négligeable sur les créations d’entreprise.
Sans soutien, les personnes intéressées par l’entrepreneuriat hésiteront à faire le grand saut. Résultat, le taux de création d’entreprise s’élevait, en 2017, à 8.5%. Et la tendance, dans notre pays, semble être à la baisse, puisqu’en 2018, seuls 7,4% de Suisses se sont lancés dans des activités entrepreneuriales.
Si le canton du Valais a vu une légère progression des créations d’entreprises ces deux dernières années, celles-ci pourraient être plus nombreuses. Les entreprises de taille moyenne tendent à disparaître alors que les petites structures se multiplient en raison de l’importance croissante du secteur des services, des carrières axées sur les connaissances et de la numérisation. Un nombre de plus en plus important de personnes travaillent de manière mobile sans être rattachées à un lieu de travail en particulier. Ce nombre augmente et continuera sur cette lancée, confirmée par le succès et la multiplication des coworking en Valais. Travailler en tant qu’indépendant deviendra de plus en plus monnaie courante et davantage de personnes s’établiront en tant que microentreprises.
Bien que le contexte entrepreneurial soit jugé positif, par les experts, plusieurs points d’amélioration, listés ci-dessous, pourraient être envisagés afin de soutenir les petites structures et l’arrivée de nouvelles entreprises sur le marché pour, ainsi, favoriser le renouvellement du tissu économique valaisan.
- Promouvoir l’esprit d’entreprise et une attitude positive à l’égard de l’entrepreneuriat. Un changement de mentalité est nécessaire. Il permettrait notamment de surmonter la stigmatisation de l’échec.
- Un soutien renforcé à la formation des adultes. Bien que chacun doit assumer la responsabilité de sa carrière, la formation continue devient un impératif mais coûte de l’argent.
- Tous les concepts développés par des indépendants ou des entrepreneurs ne requièrent pas un investissement important, puisqu’il est estimé entre 5'000 et 35'000 francs. Faciliter l’accès aux microcrédits permettrait d’amorcer les débuts plus sereinement.
- Le profil type susmentionné, indique aussi clairement que des efforts doivent être entrepris envers l’entrepreneuriat féminin. Il faut soutenir davantage les femmes dans leur initiative.
En Suisse, comme en Valais, le développement de la culture entrepreneuriale a encore un fort potentiel de progression. Aujourd’hui encore les incitations sont insuffisantes et elles mériteraient d’être développées et optimisées, que ce soit en termes d’accès au capital de démarrage, destiné à un segment plus âgé, ou d’accès à des formations plus adaptées, plus abordables et destinées aux indépendants et aux petites entreprises.
Natasha Victoria Barbuto, Avenir Ecologie
Entrepreneur, fondatrice de Kōhai
Alors que les coûts de la santé représentent une des inquiétudes principales de la population, les réformes peinent à s’imposer et la crainte d’une explosion du phénomène lié au vieillissement de la population et à l’apparition de nouvelles technologies extrêmement couteuses devient toujours plus réelle. En effet, le budget annuel de la santé est de près de 80 milliards de francs, ce qui représente plus de 12% du PIB par habitant (soit le deuxième plus cher en comparaison des pays de l’OCDE, derrière les Etats-Unis). De plus, la part de ce budget à la charge des ménages est d’environ 65%, ce qui en fait le système de santé le moins solidaire d’Europe. Et cette charge importante est due en grande partie à notre système de financement archaïque basé sur la prime, la franchise et la quote-part. Par conséquent, malgré l’instauration d’une assurance-maladie universelle obligatoire en 1996 (LAMal), le financement du système de santé suisse continue de peser très lourd sur le budget des ménages, devenant même une de leurs principales sources d’endettement.
Alors pourquoi le système de santé est-il si cher ? Une des réponses réside dans le fait que tous ses principaux acteurs ont un intérêt à fournir un maximum de prestations et donc à pousser à une (sur)consommation de soins. En premier lieu, l’industrie pharmaceutique. Plus la population consommera de médicaments, plus cette industrie s’enrichira. Puis, les médecins, dont le payement à l’acte (TARMED) n’encourage pas à la sobriété, bien au contraire. On constate d’ailleurs une relation directe entre l’augmentation des coûts de l’assurance de base et l’installation de nouveaux cabinets médicaux. L’offre supplémentaire induit une demande croissante, sans apporter de plusvalue clinique. Et finalement, les assurances-maladies. Alors qu’elles devraient être l’organe régulateur des coûts, le modèle libéral dans lequel elles agissent encourage la multiplication des offres complémentaires. Et pour ce qui est de l’assurance de base, elles ont la possibilité d’accumuler des réserves directement liées au budget total de la santé (plus celui-ci augmente, plus elles accumuleront).
Si nous souhaitons remédier durablement à cette situation, des petites mesures ponctuelles, via une augmentation des franchises, une révision mineure du TARMED ou encore la sortie du catalogue de l’assurance de base de certaines prestations ne suffiront évidemment pas et seront bien souvent sources d’injustice sociale car péjorant l’accès aux soins des personnes au statut socio-économique bas.
Ce qu’il faut donc, c’est repenser complètement le sens et le but de notre système de santé. Celui-ci est en effet focalisé sur la maladie, alors qu’il devrait l’être sur la santé. Ce changement de paradigme peut paraître anodin, mais son impact est colossal. Prévenir l’apparition de maladies qui auraient pu être évitées est beaucoup moins cher que tenter de les traiter une fois avancées. C’est vrai aussi en terme d’efficacité clinique. Plus la prise en charge est précoce, meilleures sont les chances de guérison. Les mesures de prévention et de promotion de la santé sont donc parmi les mesures les plus efficientes. Et de telles mesures, du fait de leur faible coût et de leur efficacité, renforcent l’équité d’un système de santé, car elles sont facilement accessibles à l’ensemble de la population.
Alors pourquoi un tel modèle semble si difficile à mettre en place en Suisse, alors qu’il a fait ses preuves depuis longtemps notamment dans les pays scandinaves ? Sans doute car il est beaucoup moins rentable. Moins de soins, moins de maladies, les intérêts privés des acteurs du système de santé en pâtiront. De plus, les mesures de prévention et promotion de la santé s’attaquent aux causes des maladies évitables et sont donc des entraves à certaines libertés économiques d’industries nocives pour la santé.
Par conséquent, tant que nous ne questionnerons pas la place du libéralisme dans le système de santé, il paraît impensable que les coûts baissent un jour. Pire, nous commençons à voir apparaître des propositions de rationnement des soins de la part de certains politiques, ouvrant grand les portes de la médecine à deux vitesses. Un changement de cap est indispensable car si nous continuons ainsi, bientôt nous devrons nous poser une terrible question : est-il éthiquement acceptable de ne pas soigner un patient dans le besoin?
Kevin Morisod
Candidat des Verts au Conseil national
NON à la loi par Jean-Luc Addor (UDC)
Le lobby de l’UE, emmené par economiesuisse, essaie à coup de millions de nous faire croire que nous devons dire oui ou non à Schengen. En réalité, derrière cette opération d’enfumage, ce qui est en jeu, ce sont nos libertés individuelles, que certains esprits d’ordinaire libéraux sont prêts à sacrifier. Pour rien.
Comme l’indique sa dénomination, le texte soumis au vote porte sur la mise en œuvre d’une directive UE. Pourtant, la brochure rouge que nous avons reçue ne contient que le texte de la révision de la loi sur les armes. De cette directive, aucune trace. C’est qu’on nous la cache. Et on voit bien pourquoi.
Car à son art. 17, cette directive comporte un agenda caché, un véritable cheval de Troie: elle impose à la Commission européenne de proposer tous les cinq ans (la première fois l’an prochain déjà!) d’éventuelles révisions permettant de la rendre plus «efficace». Or, en 2016, M. Juncker avait clairement annoncé l’intention de la commission non pas de limiter seulement l’accès aux armes concernées, mais de les interdire totalement. N’oublions pas non plus qu’avant cette 10e révision de notre loi sur les armes, les neuf précédentes ont eu toutes pour conséquence de restreindre toujours plus des libertés dont, pourtant, les Suisses n’abusent pas. Ce qu’on nous propose, sous la menace, presque le pistolet sur la tempe, c’est de signer un chèque en blanc. Le montant, donc les restrictions – programmées – à venir, nous ne le connaîtrons que d’ici un an ou deux, quand l’UE nous présentera le prochain durcissement de sa directive et cherchera de nouveau à nous l’imposer.
Une chose est programmée: ceux qui, aujourd’hui, comme certains chasseurs, croient être à l’abri, ce sera leur tour! Car l’objectif est clair: par une classique tactique du salami, mettre fin à toute détention d’armes par des particuliers.
Alors défendons-nous et votons NON le 19 mai!
OUI à la loi par Philippe Nantermod (PLR)
Après les attentats de Paris, de Bruxelles ou de Copenhague, nos partenaires européens ont décidé de rendre l’acquisition d’armes plus difficile. Pas de toutes, seulement des armes semi-automatiques avec chargeur de grande capacité. Un petit changement qui pourrait avoir toute son importance pour la Suisse. Si nous n’appliquons pas aussi ces règles, la Suisse ne pourra pas rester membre de Schengen. A moins que les 26 pays en fassent la demande unanime sous nonante jours. Dans le contexte du Brexit, autant rêver. Ce d’autant plus que nous avons déjà obtenu une exception pour l’arme d’ordonnance. Et que les chasseurs ne sont pas concernés.
On peut refuser souverainement la nouvelle loi sur les armes. L’UE nous exclura tout aussi souverainement de son club sécuritaire.
Adieu Schengen, c’est renoncer aux visas européens. Et adieu aux deux millions de touristes chinois et indiens qui traversent chaque année le continent et notre pays avec un visa unique. Sans document de voyage valable en Suisse, ils préféreront Chamonix à Zermatt.
Fini le SIS, ce système d’information pour consulter instantanément les bases de données de la criminalité. Des fichiers d’enfants disparus, de véhicules volés, de criminels en fuite. 300 000 consultations par jour. Ce n’est pas un hasard si toutes les polices cantonales soutiennent la révision.
Et naturellement, au revoir Dublin. Cet accord qui interdit une deuxième demande d’asile en Europe après un premier essai infructueux. Sans Schengen, la Suisse deviendra le plan B de tous les réfugiés déboutés. Pour le plus grand bonheur de l’Italie de Salvini.
Vos élus à Berne ont bien réfléchi. Accepter ces règles est un moindre mal. Au pire, un peu de bureaucratie. Au mieux, un peu plus de sécurité. Et surtout la garantie de rester dans Schengen, cet accord si important pour un canton touristique et frontalier.
Vous y avez investi beaucoup. Beaucoup d’heures, de sueur, de nuits d’insomnies, de fonds. Souvent sans compter. Avec les enfants, on ne compte pas. Avec votre entreprise, c’est un peu pareil. Les jours, les années passent la tête dans le guidon et vous résolvez toutes les crises – grandes ou petites - qui émaillent le quotidien. Petit à petit, l’heure de la retraite arrive, vos priorités changent. Vous voulez passer le témoin à quelqu’un d’autre. Et vous espérez que la vente de d‘entreprise vous fournira un capital retraite raisonnable. Après tout, il est temps de recevoir en retour le rendement de toutes ces heures investies au travail.
Alors, vous vous tournez vers votre fiduciaire, ou vers des entreprises spécialisées : « Je voudrais vendre. Au meilleur prix, mais je veux aussi que mon entreprise survive et prospère. Mes collaborateurs le méritent ». Et là, c’est la douche froide : on vous répond que votre entreprise est invendable en l’état ou que sa valeur est loin de celle espérée. On vous fait comprendre qu’elle n’est pas suffisamment robuste sans vous, qu’elle serait plus attractive avec une structure ou des processus mieux définis, des responsabilités plus claires, … Bref, que les candidats repreneurs vont être un peu frileux. Vous êtes alors confrontés à un dilemme : solder l’entreprise ou rempiler pour quelques années, le temps « de mettre les choses en ordre ». Dans un cas comme dans l’autre, vous n’avez pas mérité cette mésaventure.
Alors qu’auriez-vous pu faire ? Agir plus tôt ? Autrement ?
La valeur de votre entreprise ne se résume pas à ses finances, à sa clientèle fidèle ou à ses actifs. Ses collaborateurs, son organisation et sa culture en sont la force motrice, celle qui va lui permettre de s’adapter, de rebondir face aux changements prévus ou accidentels de la vie de l’entreprise. Le départ du patron par exemple. Entrainés dans le fil des commandes, des tracas à résoudre, des absences à pallier, des nouveaux clients à prospecter, avez-vous négligé de prendre soin de votre organisation ? Ce sont des choses qu’on met si facilement de côté parce qu’il y a plus urgent, qu’on peut le faire demain. Et pour finir, on ne le fait pas… ou si peu !
Vous qui avez pris la peine de lire ce billet jusqu’au bout, particulièrement si vous êtes de la même génération que moi (classe 63), prenez les deux prochaines minutes à réfléchir à comment mettre à profit le temps qu’il vous reste à la tête de votre entreprise pour la rendre plus robuste, plus durable… en un mot vendable ! Tout le monde y sera gagnant : Vous, vos employés et le futur patron !
Benoit Demoulin,Habilis Conseil SA
Ancien membre de la direction de Cimo SA à Monthey, j’aide maintenant les PME valaisannes à optimiser leur fonctionnement et à obtenir le meilleur engagement de leurs collaborateurs.
benoit.demoulin@habilis.ch, www.habilis.ch
Le forum économique vaudois proposait le 5 septembre dernier ce titre très alléchant à tous les acteurs de l’économie régionale. Il avait mis les petits plats dans les grands : un Conseiller d’Etat et des personnages importants de l’économie vaudoises avaient la mission de fièrement nous apprendre les bonnes pratiques qu’ils avaient développées dans leur organisation.
Perdu dans des centaines de participants, j’étais impatient d’en apprendre davantage sur les recettes du succès pour diriger une entreprise en cas de crise.
Je suis un peu resté sur ma faim en les écoutant !
Peu de points utiles pour le pilotage d’une PME… C’est la conclusion de cet événement mondain que je partageais avec un ex-collègue lors des petits fours arrosés de vin local.
Mais au fait, c’est vrai, j’ai déjà été confronté à une crise. Si j’avais été invité à monter sur scène et à expliquer mon pilotage dans le chaos, qu’aurais-je partagé ?
Lorsque la crise est là, c’est trop tard pour réfléchir. Alors préparez-vous ! Votre matrice de risques entreprise vous aidera à prioriser en cas d’urgence. Mais elle est également un excellent moyen d’identifier ce qui peut assurer la pérennité de votre entreprise. La composer ne prend que quelques heures. La réviser chaque année est une très bonne pratique. La vôtre est-elle à jour ?
Benoit Demoulin
Ancien membre de la direction de Cimo SA à Monthey, j’aide maintenant les PME valaisannes à obtenir le meilleur engagement de leurs collaborateurs et à optimiser leur fonctionnement.
benoit.demoulin@habilis.ch
Premièrement, la RTS n’a diffusé les matchs de football de la Ligue des Champions que sur une soirée hebdomadaire (le mercredi), au lieu des deux habituelles (mardi et du mercredi). La raison ? Le service public ne peut plus concurrencer les diffuseurs privés face à l’explosion du prix des droits de diffusion. Il y a une année, la RTS décrochait de justesse un accord avec les diffuseurs privés à un montant secret pour continuer à diffuser les deux soirées hebdomadaires footballistiques. Elle reconnaissait publiquement ses limites financières, mais la campagne sur Nobillag commençait et elle ne voulait pas offrir cet argument aux initiants. La pression politique retombée un an après, la RTS, qui se gargarisait d’offrir tous les matchs de la Ligue des Champions « gratuitement » comparément aux diffuseurs privés européens, craque et annonce l’abandon du mardi. Si vous voulez regarder tous les matchs, prière dorénavant de prendre un abonnement chez un diffuseur privé, en plus de votre redevance Billag bien entendu.
Deuxièmement, la RTS a annoncé son déplacement d’une partie de ses activités (la réalisation du 19h30 notamment) de Genève à Lausanne. Quel ne fut pas le scandale chez nos voisins franç…euh genevois pardon. Rendez-vous compte, cette RTS, dont les politiciens et magazines économiques avaient vanté tous les avantages en terme de retombées économiques et d’emplois indirects sur le territoire cantonal, se permet de déménager chez leurs « rupestres voisins de vaudois ». On peut reconnaître une certaine logique : le campus technologique EPFL-UNIL est autrement plus séduisant que le bord de l’Arve. Encore une fois, les arguments tenus à un instant donné ne sont peut-être plus vrais six mois plus tard…
La RTS a pris les bonnes décisions. Elle refuse de s’engager dans une guerre ruineuse pour gagner des droits de diffusion du football international toujours plus coûteux. Les diffuseurs privés auront toujours plus d’argent que le service public, celui-ci doit mettre ses moyens et son énergie dans d’autres produits audiovisuels. De plus, la RTS a compris que les avantages qu’elle peut tirer de sa proximité avec le pôle technologique lausannois pourront améliorer la qualité et le contenu de ses émissions.
Bref la RTS a su prendre les décisions les plus rationnelles pour son développement et c’est tout au mérite de ses dirigeants d’avoir eu cette vision économique. En revanche, les politiciens qui se plaignent de son départ de Genève ont tout l’air de pleureuses. Beaucoup de bruit, pas de vision.
Thomas Birbaum, secrétaire général UDI
En février 2014, le peuple suisse a accepté l’initiative «Contre l’immigration de masse». Pour aller dans ce sens, le Parlement a adopté l’obligation d’annoncer les postes vacants dans les genres de professions sujets à un taux de chômage élevé. Celle-ci doit permettre de mieux employer le potentiel de main-d’œuvre en Suisse.
Dès le 1er juillet 2018, les employeurs doivent annoncer aux offices régionaux de placement (ORP) les postes vacants dans les genres de professions où le taux de chômage national atteint au moins 8 %. Les postes concernés qui sont pourvus par des agences de placement privées, des chasseurs de têtes ou des entreprises de location de services doivent aussi être annoncés aux ORP.
Exceptions :
Il n’y a pas d’obligation d’annonce lorsque:
Annonce de postes :
Les postes vacants peuvent être annoncés simplement et rapidement en ligne, par l’intermédiaire du portail travail.swiss, ou auprès de l’ORP par téléphone ou en personne. Afin que l’ORP puisse vous proposer des dossiers de demandeurs d’emploi pertinents, le profil détaillé des exigences d’un poste («skills», etc.) est nécessaire. Les postes vacants annoncés aux ORP sont soumis à une interdiction de publication de 5 jours ouvrables à partir du premier jour ouvrable suivant la réception de la confirmation de l’ORP. L’employeur ne peut publier le poste par un autre moyen qu’à l’expiration de ce délai.
Propositions de candidats par l’ORP :
Dans les 3 jours ouvrables suivant l’annonce du poste, l’employeur reçoit une réponse de l’ORP concernant les dossiers de demandeurs d’emploi pertinents.
Réponse de l’employeur :
Après avoir étudié les dossiers qui lui ont été transmis par l’ORP, l’employeur indique à celui-ci :
Pour en savoir plus: Travail swiss
Thomas Birbaum, secrétaire général UDI
Lorsqu'il y a une innovation, les Américains en font un commerce. Les Chinois, une copie. Les Européens, quant à nous (en la matière, je nous mets volontiers dans le même panier), nous en faisons un règlement. Cette boutade vient d’Emma Marcegaglia, ancienne présidente de la Confindustria, le «Medef italien». On peut difficilement lui donner tort.
Vivez l’expérience de notre virtuosité réglementaire. Tous les matins. Par e-mail. Du Verbier Festival à Viagogo en passant par Spotify, des dizaines de sociétés dont je n’avais jamais entendu parler me font poliment part de leur «politique de protection des données». Ces centaines de courriels non sollicités sont l’œuvre des eurodéputés qui ont pondu une «bruxellerie» dont ils ont le secret: le Règlement général sur la protection des données. RGPD pour les gens pressés.
Chronique de Philippe Nantermod, Conseiller National PLR/VS, publié dans le Temps le 05.06.18
C’est le titre d’une interpellation que j’ai déposée en juin 2016 au Conseil national après avoir été alerté par le patron d’une PME valaisanne. J’ai été ainsi sensibilisé à cette forme de concurrence déloyale que celle-ci, comme nombre d’entreprises purement privées, subit de la part de filiales de grands groupes contrôlés partiellement ou totalement par des collectivités publiques et subventionnés par l’Etat. Très concrètement, la question se pose en effet de savoir si ce ne sont pas grâce à des soutiens et à des subventions étatiques que ces filiales sont en mesure de soumissionner à des prix inférieurs de 15 à 30% aux conditions que les PME valaisannes peuvent proposer, ainsi que de racheter à tour de bras des PME qui se voient éliminer du marché les unes après les autres.
Malgré des réponses lénifiantes du Conseil fédéral, en particulier dans un rapport de décembre 2017 qui légitime en somme le système décrit ci-dessus, l’inquiétude a gagné, en Valais, le Bureau des Métiers et jusqu’au Grand Conseil. Suissetec a récemment présenté à divers parlementaires fédéraux intéressés, dont je suis, sa stratégie pour éliminer ces distorsions de concurrence. Entre autres éléments, cette association qui regroupe des entreprises de la technique du bâtiment a suscité deux initiatives parlementaires pour une concurrence à armes égales déposées en décembre 2017, avec des textes presque identiques, au Conseil des Etats par Jean-René Fournier et au Conseil national par Peter Schilliger.
L’objectif ainsi poursuivi est d’obliger les collectivités publiques à faire en sorte que les entreprises dans lesquelles elles détiennent une participation ou auxquelles elles octroient des concessions soient soumises aux mêmes conditions de concurrence que les entreprises privées. Il s’agit notamment d’interdire les subventionnements croisés d’activités commerciales et toute autre forme d’utilisation de données ou de ressources issus de l’exercice d’un mandat public et susceptible de fausser la libre concurrence.
C’est avec un grand intérêt que les PME concernées de notre canton suivront l’évolution des travaux du Parlement fédéral sur ce sujet. J’entends le faire moi aussi. Et avec tous mes collègues attachés à une concurrence loyale entre acteurs privés et étatiques ou paraétatiques, je veillerai à ce que l’on mette le terme le plus rapide possible à ces distorsions de concurrence.
Je me pose toutefois la question de savoir si, pour préserver nos PME de ces distorsions et garantir la pérennité de ce tissu économique si précieux pour notre canton et pour toute la Suisse, il ne faudra pas revenir à une solution plus… radicale : interdire purement et simplement aux producteurs et aux distributeurs d’énergie d’intervenir sur le marché de l’installation.
Jean-Luc Addor, Conseiller national UDC/VS
Réjouissez-vous: la campagne des élections fédérales va bientôt recommencer. Les candidats vous promettront monts et merveilles pour lutter contre tout et n’importe quoi. Le pire, c’est qu’ils tiendront certainement leurs promesses. Quand on siège dans un législatif, on produit des textes de loi. Toujours plus. Jusqu’à la nausée.
Un pays un peu plus «propre en ordre»
L’année dernière, votre parlement a beaucoup travaillé. En votes, ça fait 522. Alors forcément, on aboutit à quelque chose. Le 1er janvier 2018 sont entrés en vigueur 286 nouvelles loi, révisions d’ordonnances et autres textes législatifs. Le tout à digérer le premier de l’an, contre 70 abrogations. Et je ne vous parle pas des cantons. Un moyen de retrouver la Suisse un peu plus «propre en ordre» que celle que l’on avait laissée s’endormir la veille dans les cadavres de champagne du réveillon.
Il y a à boire et à manger dans ces nouvelles lois. On y expose comment vendre correctement son chien sur anibis et la bonne manière de cuisiner le homard. Les formations des mouleurs de fonderie et des bottiers-orthopédistes sont corrigées. On aura introduit quelques registres et numéros d’identification. Sans parler de la grande réforme de Tarmed, qui agace tellement les médecins.
On n’arrête pas le progrès. En tout cas celui de la masse informe et législative. Les milliers de pages de règles qui sont entrées en force contrastent un peu avec le romantisme du compte à rebours du 31 décembre, à la fin duquel on espère tous un monde un peu meilleur. Avec du recul, on peut se demander comment on a pu survivre toute l’année 2017 sans toutes ces nouvelles règles essentielles.
Pour nous rassurer, on peut toujours se dire qu’on n’est pas les pires. Au moment où j’écris ces lignes, notre voisin français planche sur une loi pour interdire les fake news et une autre pour réglementer les abus de soldes dans les grands magasins.
Chronique de Philippe Nantermod, Conseiller National PLR/VS, publié dans le Temps le 12.02.18
Ces derniers temps, une vague planétaire a révélé des innombrables cas de harcèlement sexuel dans les milieux du cinéma, des médias et même du Parlement Fédéral. Mais qu'en-t-il du monde de l'entreprise? Quelles sont les responsabilités de l'employeur face à cette problématique? Et qu'entendons-nous par "harcèlement moral"?
Dans le monde du travail, le harcèlement peut se produire à différents niveaux : il peut émaner d’un supérieur hiérarchique, d’un collègue se trouvant dans la même ligne hiérarchique de l’harcelé ou encore d’un subordonné à l’encontre de son supérieur. Il s’agit d’un aspect important de la protection de la personnalité du travailleur selon l’art. 328 al. 1 CO (code des obligations). En effet, le harcèlement sexuel est un danger inhérent à la place de travail et l’employeur se droit de prendre des mesures afin de protéger son employé. Il existe plus spécialement les articles 4ss. de la loi sur l’égalité (LEg) qui sanctionne le harcèlement hétérosexuel. Pour le harcèlement homosexuel, il faudra passer par le code des obligations.
Par harcèlement sexuel dans le cadre d’un contrat, il faut comprendre le comportement du dirigent, du supérieur ou du collaborateur qui profite de sa position de son influence dans l’entreprise (à savoir un lien de dépendance résultant de la fonction, de l’âge ou de l’expérience) pour confronter un employé ou un candidat à l’embauche, quel que soit son sexe, à des allusions obscènes, des propositions malvenues, des gestes, des attouchements ou des tentatives d’attouchement, à la présentation d’images ou d’objets pornographiques ou tout autre genre de comportement, le plus souvent accompagné de menaces, de pressions, de chantage ou de discriminations sur le lieu de travail, dans le but d’obtenir de la personne visée des faveurs d’ordre sexuel en lui donnant à comprendre que l’acceptation ou le refus de tels rapports devrait ou pourrait constituer un critère décisif pour la signature, le contenu, les modalités d’application ou la continuation du contrat de travail, ou pour empoisonner le climat de l’entreprise, actuel ou futur.
Lorsque l’employeur a connaissance d’un harcèlement sexuel, il doit intervenir pour mettre fin aux agissements litigieux. En effet, la responsabilité de l’employeur est engagée à moins qu’il ne prouve qu’il a pris toute les mesures que l’expérience commande, qui sont appropriées aux circonstances et que l’on peut équitablement exiger de lui pour prévenir ces actes ou y mettre fin. S’il prouve qu’il a rempli son devoir de diligence , il ne peut donc être condamné. Toutefois, il appartient à la victime de porter à la connaissance de l’employeur les faits incriminés lorsqu’elle peut supposer que celui-ci les ignore (une telle connaissance de l’employeur peut en effet résulter des circonstances). Si elle s’en abstient, il ne pourra être reproché à l’employeur la méconnaissance des faits incriminés.
De ce fait, un cas de harcèlement sexuel peut engendrer plusieurs responsabilités. Tout d’abord, celle de l’employeur. De plus, l’auteur de l’acte illicite est responsable et répond du dommage qu’il cause. Jusqu’à présent, l’accès était mis sur l’employeur qui doit réagir face aux harcèlements dont il a connaissance ou aurait dû en avoir connaissance. Mais il ne faut pas oublier que même si l’employeur a manqué à son devoir de diligence, l’auteur des actes ne reste pas impuni. Il sera dans tous les cas responsable d’acte illicite selon l’art. 41 CO (responsabilité civile).
En sus du harcèlement sexuel, il existe le harcèlement psychologique. Leur mécanisme est le même. De manière général le harcèlement est un enchaînement d’agissements hostiles répétés visant à affaiblir psychologiquement l’individu qui en est la victime. Il faut souligner que le caractère répété des actes est nécessaire. En effet, un acte unique c’est pas suffisant pour engager un harcèlement. La violence psychologique est constituée de paroles ou de gestes qui ont pour but de déstabiliser ou de blesser l’autre mais aussi de le soumettre, de le contrôler de façon à garder une position de supériorité. Il vise la destruction psychologique de l’individu en excluant des passages à l’actes physiques ou sexuels.
Il faut souligner que parfois le ressenti d’une personne ne correspond pas vraiment à ce qu’un tiers pourrait comprendre. Il existe deux victimes possibles : la vraie victime ou celle accusée à tort. L’employeur doit vérifier sans a priori et le cas échéant prendre les mesures nécessaires pour éloigner les gens des uns des autres. L’employeur ne perd jamais rien à vérifier, en le faisant il prend la dénonciation de l’employé au sérieux. S’il n’en existe pas, l’employeur a tout autant gagné car il montre qu’on ne peut pas prendre à la légère ce type de dénonciations à la légères et doivent être fondées.
Pour exemple, voici quelques cas jurisprudentiels où le harcèlement a été retenu:
La mise au placard constitue un harcèlement moral, car le fait pour un salarié d'être installé dans un local exigu dépourvu de chauffage et d'outils de travail, avec interdiction faite par l'employeur à ses collègues de lui parler, d'adopter un comportement autoritaire à son égard et de mettre en doute son équilibre psychologique.
Si la victime n’obtient pas la fin des agissements en interne dans l'entreprise, elle peut s’adresser à l'inspection du travail (SPT en Valais) ou encore porter une plainte individuelle. L'inspecteur a une obligation de confidentialité concernant les plaintes qu'il reçoit et mènera l'enquête.
En conclusion, toutes les organisations humaines peuvent être touchées par la problématique du harcèlement. L'employeur a l'obligation d'agir en vertu de la loi dès qu'il a connaissance des faits. Il ne faut pas oublier qu'avec les nouveaux moyens de communications, la définition du harcèlement en enteprise peut s'élargir. Un collaborateur peut être harcelé en dehors de ses heures de travail par son employeur par exemple. Le harcèlement hors du lieu de travail peut être considéré comme du harcèlement en entreprise!
Manon Trisconi, juriste
Dans le cadre de ma campagne pour les élections fédérales, je rencontre de nombreux entrepreneurs et indépendants du canton. Ils me font part de leurs visions, de leurs préoccupations mais aussi de leurs difficultés. Ces moments privilégiés me confirment leur rôle prépondérant pour notre société : sans eux, sans vous, point d'économie prospère, ni de société solidaire. Les défis sont légion : concurrence internationale, franc fort, digitalisation, réactivité nécessaire de plus en plus accrue, etc.
Ces facteurs externes à l'entreprise vous préoccupent quotidiennement. Mais l'élément qui m'a le plus interpellé, et auquel on pense moins, est le poids de l'organisation interne à l’entreprise: lourdeurs administratives, gestion et formation du personnel, et, enfin, la difficulté montante à s'entourer de personnes acceptant la prise de responsabilité. Oui, la solitude de l'entrepreneur m'a frappé. Plusieurs d'entre vous me disaient dernièrement le casse-tête rencontré pour réunir des femmes et des hommes prêts à s'engager et à prendre des décisions, des personnes sur lesquelles l’entrepreneur puisse compter.
On constate qu'une entreprise sur quatre peine à trouver un successeur et on évoque spontanément le manque de financement. Peut-être oublie-t-on de mentionner une certaine carence en esprit d’entreprise, une frilosité face à la prise d’initiative ? Le statut de l'indépendant est-il suffisamment mis en valeur? Est-il bien compris ?
Les réponses sont multiples. On constate notamment que l’entrepreneuriat demande un cumul de savoirs « métier », mais, surtout, un « savoir être ».
L’OCDE a identifié très tôt l’importance du rôle de l’éducation dans l’acquisition de ces compétences entrepreneuriales (créativité, goût de l’effort, réactivité etc..) et elle coordonne depuis plus de 20 ans une réflexion et une mise en place de programmes d’éducation à l’entrepreneuriat dans le monde entier. La Suisse n’est pas en reste. Des programmes tels que « Business Experience », « Team Academy » aux échelons HES-SO, « Apprendre à entreprendre » dans les Ecoles de Commerce ou encore au Collège ont été mis sur pied en Valais pour révéler les entrepreneurs de demain, par exemple avec la création de mini-entreprises en milieu scolaire, avec succès. Les cours d’entrepreneuriat pour enfants essaiment en Suisse romande, ce sont souvent des initiatives privées.
Cependant, cela ne me semble pas suffisant, la Suisse devrait se doter d’une véritable politique éducative en la matière. C’est une piste parmi d'autres pour pousser à la responsabilisation individuelle et à l'encouragement de projets privés, je suis d'avis que des formations (même courtes) sur l'esprit d'entreprise devraient être dispensées au cycle d’orientation et à l’école primaire, via un programme fédéral, pour inciter et former les entrepreneurs de demain. Les pédagogies existent et les initiatives américaines ou européennes en la matière peuvent être une bonne source d’inspiration.
Le terme entreprendre (du latin saisir avec la main) est à comprendre dans son sens large. Il ne s'agit pas ici de modeler des futurs patrons, mais bel et bien de révéler l'esprit entrepreneurial nécessaire à se saisir des responsabilités, se saisir des missions et des opportunités à tous les échelons d'une société. Ces compétences doivent être mises au service de l’économie, bien sûr, mais elles sont également nécessaires à l’animation de la vie communautaire et tout au long du parcours de vie.
Proposer, prendre des responsabilités, tenter des choses demandent des moyens, du courage, de la passion, de l'envie. Cela demande également une expérience, même petite, pour affirmer : « Moi aussi je peux lancer un mouvement. Moi aussi je peux permettre l'éclosion d'une l'idée et la mener jusqu'à sa réalisation finale. Moi aussi je peux être un acteur décisif de notre société. Moi aussi je peux y arriver ».
Serge Métrailler, candidat au Conseil national